Deux chanteurs de variétés de deux nations se rencontrent

Rob de Nijs chanteur célèbre en Hollande, a enregistré un album intitulé Chansons avec des adaptations néerlandaises de chansons françaises connues. Pour cet album il a invité Julien à faire ce duo et à la surprise de Rob, Julien a dit oui. Le chanteur/parolier Jan Rot a traduit la version originale de This melody écrite par Étienne Roda-Gil. Cette version est bilingue, les deux chanteurs font chacun leur partie en néerlandais et en français.

Biographie par Hanneke et traduction de l’article de Susan Haveman paru dans « Libelle » par Tineke et Fabrice. Relecture et adaptation Geai

Biographie de Rob de Nijs

Rob de Nijs

Premier tube

Rob de Nijs est né le 26 décembre 1942 à Amsterdam, en Hollande. A l’âge de huit ans, il a commencé des leçons d’accordéon. En fait, au début il voulait devenir acteur, mais à ses 19 ans il participait à un radio-crochet avec son groupe The Lords. Le prix: un contrat avec une maison de disques. En 1963 Rob obtient son premier tube avec la chanson Ritme van de regen (Rythme de la pluie). En hiver 1964, Rob chante dans un théâtre inhabituel: le cirque Boltini.

Télé et comédie musicale

En 1969, Rob joue dans plusieurs séries (surtout pour enfants) à la télévision hollandaise: il en fera 6 jusqu’en 1998. Rob participe également à une comédie musicale en 1970. Tout comme Julien, il a donc plusieurs cordes à son arc.

Paroliers

Dans le début des années ’70, Rob rencontre le superbe parolier très connu Lennaert Nijgh, qui écrivait déjà pour un grand chanteur contestataire Boudewijn de Groot. Tous deux écriront des chansons pour Rob, ce qui fait relancer sa carrière. Plus tard dans sa carrière Rob a rompu avec ce parolier pour continuer avec Belinda Meuldijk. Son album Met de ogen dicht (Les yeux fermés) en 1980 cartonne dans les hit-parades. Il eut quelques autres tubes de temps en temps en Hollande et Belgique.

Style

Rob interprétera des chansons d’autres artistes néerlandais et internationaux, dont il adaptera les textes en néerlandais. Il interprète également des chansons spécialement écrites pour lui. Son œuvre ressemble à celle de Julien, des ballades, des chansons mélancoliques, mais aussi des chansons très gaies. Son plus grand tube numéro 1: Banger hart (Cœur en peur, juillet 1996).

Pur sang

Rob remplit toujours les salles en Hollande et en Belgique après 45 ans de carrière. Depuis 25 ans, il est accompagné par son groupe ‘Pur Sang’ qui est composé presque des mêmes musiciens depuis le début.

En résumé

Nombre d’albums: 38 (compilations incluses)

Nombre de singles: 103

Prix en 2002: Edison (prix pour son œuvre entière), Gouden Harp (la Harpe d’Or) remise à Belinda pour les paroles Sortie de l’album Chansons: prévue pour mi-août 2007 Les informations ci-dessus ont été retranscrites à partir de l’article sur le duo Julien Clerc Rob de Nijs provenant du « De Telegraaf « mardi 17 mai 2007: Rob de Nijs op Franse toer met Julien Clerc (Rob de Nijs à la française avec Julien Clerc).

Julien Clerc et Rob de Nijs

La cavalerie
Één Melodie (This Melody)

Duo avec Julien Clerc

Le 14 mai 2007, Julien Clerc arrive par le Thalys en Hollande pour enregistrer avec Rob de Nijs un duo. La question était de savoir quel titre? Ils décidèrent d’interpréter ensemble « This melody » (titre néerlandais Eén melodie – Une mélodie. Ce titre fut diffusé sur les ondes en Hollande à partir du 19 juin 2007.

Één Melodie (This Melody)

Interview par Susan Haveman. Paru dans magazine féminin Hollandais intitulé « Libelle » en juillet 2007.

Rob de Nijs

Les deux artistes ont commencé jeunes leur carrière : L’un a chanté rêveusement « this Melody », l’autre « la pluie qui tape tout doucement sur les carreaux » (« ritme van de regen » Ancien hit Américain « rhythm of the rain« , chanté par Rob de Nijs en hollandais).

Tous les deux chantent encore et Rob a même invité Julien à chanter sur son nouveau CD. Une interview sur leur grande passion: La musique. La star Internationale, Julien Clerc, est venue dès son arrivée cet après-midi.

Il a deux spectacles à présenter au théâtre Carré (Amsterdam). Mais il était disposé à consacrer du temps et de l’énergie pour enregistrer un duo avec Rob de Nijs, star hollandaise et internationale également.

Rob est tout heureux et souriant dans le studio à Loenen aan de Vecht (province d’ Utrecht).”Je trouve ça fantastique, Julien arrive, commence à chanter et c’est parfait en une prise,je ne pense pas que j’aurais pu faire la même chose. » Rob est arrivé à l’âge respectable de 65 ans, Juju comme on appelle Julien avec amour, fêtera ses 60 ans en octobre.

Mais les deux ont conservé une énergie de jeune homme !

Est-ce que la vie est belle pour des stars d’un certain âge ?

Quand Julien sourit, son beau regard sombre s’illumine:

JUJU:  » C ’est une belle vie, vraiment. C’est un métier de rencontres ; j’ai toujours de bons auteurs qui veulent écrire pour ma musique et le public semble être encore heureux avec moi. Je vois cette « occupation » (je ne veux pas dire que c’est un job) comme une bonne façon de rencontrer des gens, de leur donner de la joie, ou du bonheur, ou parfois même de la tristesse, mais tout tourne autour du cœur, ça c’est merveilleux !  »

ROB: « Aujourd’hui nous chantons mieux qu’il y a 20 ans. »

Est-ce une raison pour continuer ?

JUJU: « Je continuerai pour deux raisons: D’abord, et c’est une des grandes différences entre Rob et moi, j’écris ma propre musique. Chaque fois c’est un nouveau défi, chaque nouveau disque, chaque nouvelle chanson est un défi. »

Rob de Nijs

Quand on reçoit de bonnes chansons qu’on peut encore chanter avec une bonne voix, pourquoi arrêter ?

JUJU: « La musique a toujours été l’objectif de ma vie. Bien sûr aussi l’amour des femmes de ma vie et mes enfants, j’ai moins d’intérêt pour le reste, c’est mon point de vue depuis 30 ans et je m’y tiens.

Rob hoche la tête comme si ces mots venaient directement de son cœur.

ROB: « j’adore faire des albums, approcher des gens pour faire des duos. Sur ce CD, il y a encore un autre titre de Julien, « les séparés », je l’ai fait pour faire plaisir à un ami, le photographe Govert de Roos, et je trouve que c’est un des plus réussis de l’album, en hollandais, ça s’appelle « Cassé ». Je le chante avec Willeke Alberti, qui est une bonne amie à moi, je l’ai appelée et elle était immédiatement enthousiaste pour l’idée. Quel joli métier ! »

JUJU: « mais être sur scène devant un public nous fait encore et encore progresser. »

ROB : « On touche le cœur des gens et les chansons qu’on chantait il y a 20 ans sont beaucoup mieux interprétées aujourd’hui. Je crois que les jeunes gens font des choses comme x-factor uniquement pour la gloire, pas pour la musique. »

JUJU: « Moi j’étais très jeune. Mon parolier Étienne Roda-Gil était beaucoup plus vieux que moi. Je comprenais ce qu’il écrivait, mais maintenant, plusieurs décennies après, je chante ses textes beaucoup mieux, je ressens plus ce qu’il voulait dire à l’époque ».

ROB :  » Exactement, c’est ce que mes fans me disent souvent aussi, tu chantes cette chanson beaucoup mieux maintenant qu’avant.Ça c’est bien. Et parce que tu es plus jeune que moi tu as encore au moins 5 ans pour t’améliorer. Ha ha! »

JUJU:  » Pour les acteurs c’est un peu pareil, un acteur qui ne joue pas perd un peu de lui-même. Un chanteur doit chanter, un acteur doit jouer. Et ce n’est pas grave s’il y a un film dans son parcours qui n’est pas intéressant, le prochain sera mieux. »

ROB : « Cela s’applique aussi aux albums. Moi je n’ai jamais eu une année sabbatique. J’ai travaillé et travaillé, chanté et chanté depuis mes débuts. »

JUJU: « Moi j’arrête de temps en temps, pour un moment. Jamais plus de 2 ans. »

Qu’est-ce qui te fait continuer ?

JUJU: « C’est ma vie. Une tournée, penser à un autre disque, composer, enregistrer, une tournée, on s’habitue. »

La gloire te manquera ?

JUJU:  » Probablement. »

ROB:  » C’est ce que je pense aussi. On est tellement habitué, ce n’est pas très important mais c’est bien. Je n’aimerais pas être oublié. »

JUJU:  » Bien sûr, quand quelque chose a été ta vie pendant si longtemps ça manquerait. (Il commence à rire)… il y a quelques inconvénients. ».

ROB: « Moi je déteste les journaux à sensation, et les histoires bizarres qu’ils inventent et écrivent.Je déteste leur façon d’écrire n’importe quoi sur la vie privée. Ça ressemble un peu à la vérité mais ce n’est pas la vérité. La vérité a beaucoup de facettes, et ils montrent toujours la fausse. »

Comment ça se passe en France ?

Julien hausse les épaules.

JUJU: « Nous avons de la chance, en France, la vie privée est assez bien protégée, tu peux intenter des procès, engager des poursuites contre ce genre de presse. Pourvu que tu n’exagères pas évidemment, parce qu’il y a des artistes qui se plaignent mais font tout pour attirer l’attention, moi cela ne m’intéresse pas. »

Avez-vous toujours la même attention, le même succès ?

JUJU: « Je voulais la notoriété mais aussi le respect. Trés jeune, j’ai compris que même une photo sur la première page d’un grand magazine ne fait pas vendre plus de places de concerts ou de CD.
Donc moi je n’ai pas eu beaucoup de problèmes.La France est encore un peu préservée, malgré le fait qu’il y a de plus en plus de magazines, de journaux à sensation comme toi tu les appelles, – qui essaient de te coincer. Mais heureusement les lois sont encore rigides. »

JUJU: (soudain dubitatif, il sourit un peu gêné, presque timide) « Excuse-moi de le dire, c’est ennuyeux, mais c’est trés difficile de rester au top. Chaque jour il y a de nouveaux artistes et il faut vraiment vouloir toujours relever le défi. Ma longue relation avec mes fans vient de mon travail et de ma personnalité, car je pourrais être le mec le plus sympa du monde, si je n’avais aucun talent, cela n’aurait pas duré ! »

ROB: « De toute façon il faut toujours essayer de maintenir la qualité de son travail et de l’améliorer, il faut toujours donner le meilleur. »

Est-ce-que ça devient plus facile en vieillissant ? Est-ce-que ça devient plus facile de dire non aux choses que tu ne veux pas, est-ce-que tu te sens plus sûr de toi-même ?

ROB : « Pas moi. »

JUJU: « Moi je trouve assez facile de dire non, je n’ai pas besoin d’être aimé par tout le monde. Chanter est aussi plus facile, j’ai plus de maîtrise, je suis plus heureux. Quand j’étais jeune j’étais beaucoup plus stressé, maintenant, je me sens plus à l’aise, grâce en partie aux nouvelles technologies, je ne sais pas si c’est aussi vrai pour toi. »

Rob hoche la tête enthousiaste. Julien continue.

JUJU: « Les nouvelles « oreillettes » que nous portons sur scène font beaucoup de différence. On est comme en studio, on s’entend parfaitement.

J’ai toujours pensé que les Beatles auraient continué plus longtemps s’ils avaient pu profiter de ce matériel, je crois qu’ils se sont arrêtés parce qu’ils en avaient marre de ne pas s’entendre sur scène, tout ce qu’ils entendaient, c’étaient les hurlements des filles. Tout, sauf leur musique.

Aujourd’hui c’est une joie de chanter, tellement agréable ! »

Pour l’avenir, pensez-vous qu’il y aura des artistes qui dureront comme vous ?

Les deux ensemble : Probablement pas.

JUJU: « La musique est différente, Les radios travaillent différemment, Les médias ont changé. Hier j’ai entendu une interview d’ un éditeur Américain. Il a avoué que tout a changé. La seule chose importante est de vendre. Ce n’était pas toujours comme ça. Il y a eu une époque où l’éditeur faisait son travail par amour de la littérature ».

R0B: « Il cherchait de bons auteurs… »

JUJU:  » Exactement, -… qui écrivaient de bons livres. L’éditeur essayait aussi de trouver des livres à succès, mais s’il trouvait un auteur qu’il pensait important, on prenait le temps qu’il fallait, peut-être que cet écrivain vendrait beaucoup de livres, peut-être pas, mais l’important était la qualité.

C’était comme ça dans notre métier. Quand j’ai commencé, on m’a donné un contrat de 7 ans s’il vous plait ! »

Les deux rigolent.

JUJU:  » Ceci est impossible maintenant. Aujourd’hui il n’y a plus de temps, plus d’argent. Heureusement il y a internet,qui offre des possibilités aux artistes de se mettre en contact avec leur public. En tant que jeune artiste il faut jouer dans des petites salles, on peut construire sa carrière petit à petit. Mais si tu dépends de la radio il vaut mieux être un « vieil» artiste, comme nous.
ROB: « Et là on retrouve, la gloire ou la musique.

Pour moi le plus important est que les gens respectent et aiment ma musique, je ne pensais pas à la gloire, vraiment pas.Je voulais du respect. Et, (avec un sourire) rencontrer des filles. Et j’ai réussi à faire les deux. »