Serge Gainsbourg auteur de génie

Le provocateur de génie

Serge Gainsbourg

Lucien Ginzburg est né à Paris le 2 avril 1928 de parents juifs émigrés de Russie en 1919.
Son père était musicien et déjà enfant lui faisait faire une heure de musique par jour. Sur le vieux gramophone, il entend Chopin, Debussy,  et d’autres musiciens de la musique classique.
Attiré d’abord par la peinture, il s’inscrit aux cours de l’Académie Montmartre.
En 1954, au cabaret le Milord l’Arsouille de la rive droite, Ginsburg devient le temps d’un soir pianiste-guitariste. Il y découvre Boris Vian dont il est subjugué par sa prestation.
Il change de nom de Lucien Ginzburg à Serge Gainsbourg car disait-il
Après avoir hésité entre la carrière de peintre et celle de musicien,  il fait ses débuts en 1958 comme accompagnateur de la chanteuse Michèle Arnaud au cabaret Milord l’Arsouille où il avait rencontré Boris Vian. Aidé d’Alain Goraguer, l’arrangeur musical de Vian, il réalise un premier album sous le nom de Serge Gainsbourg, et rencontre un succès immédiat, en grande partie pour la chanson Le Poinçonneur des Lilas.

Son talent novateur l’a fait immédiatement repérer par la communauté intellectuelle de Saint-Germain-des-Prés, mais son attitude distante et désinvolte à la fois est mal interprétée par un public plus conventionnel.

Son deuxième album est un échec, mais des chanteurs connus, dont Juliette Greco, font appel à lui. En 1959, il aborde le cinéma en signant une musique de film et en jouant avec Brigitte Bardot dans Voulez-vous danser avec moi ?

En 1961, son troisième album connaît un certain succès, notamment avec La Chanson de Prévert. Il enregistre à Londres en 1963 un disque de quatre chansons dont l’une, La Javanaise, reprise par Juliette Gréco, deviendra un titre-culte.

La même année, c’est comme vedette qu’il passe à l’Olympia, entouré de deux musiciens de jazz. L’album qu’il sort en 1964, Gainsbourg percussions, s’inspire de rythmes afro-cubains et deux de ses chansons, Couleur café et New-York USA, font le tour des radios et des discothèques.

Une inconnue de 16 ans, France Gall, transforme en tubes des titres qu’il écrit pour elle (Les Sucettes et Poupée de cire, poupée de son). Actrices et chanteuses se disputent alors ses compositions. Il entame une tournée avec Barbara, mais l’accueil glacial du public, dérouté par son allure faussement négligée, et son affectation d’indifférence hautaine, le pousse à abandonner la scène.
Il écrit pour Françoise Hardy, pour Brigitte Bardot avec qui il chante même en duo. Les chansons Harley Davidson, Comic Strip et Bonnie and Clyde connaissent un succès fabuleux.
En 1968, il rencontre Jane Birkin avec qui il va former un couple légendaire et avoir une fille, Charlotte. Jane enregistre à Londres quatre chansons de lui dont deux déclenchent le scandale : 69, année érotique et Je t’aime moi non plus

En 1972, Gainsbourg, qui se partage entre son propre album, celui de Jane Birkin et des commandes pour des célébrités (Zizi Jeanmaire, Jacques Dutronc, Régine ou France Gall) fait une crise cardiaque. Dès lors, il accentue son attitude de provocateur désabusé, buveur, fumeur, bravant les convenances, et devient extrêmement populaire auprès de la jeunesse.

Il découvre les rythmes reggae qui forment la matière même de l’album qu’il sort en 1976, L’Homme à la tête de chou. En 1979, son disque Aux armes et cetera, dont la chanson-titre est un arrangement de la Marseillaise à la sauce jamaïcaine, provoque un nouveau scandale, en particulier auprès des militaires.

En 1980, le couple Gainsbourg-Birkin se sépare.

En 1982, il enchaîne les spots publicitaires, Brandt, Roudor Saint Michel, plus tard Lee Cooper, la Renault 9, les soupes Maggi. Il écrit des chansons pour Julien Clerc, Diane Dufresne.
Plus que jamais alcoolique, excessif, désabusé, Gainsbourg continue à écrire pour des interprètes à succès comme la canadienne Diane Dufresne, Alain Baschung, Isabelle Adjani, sans lâcher le cinéma ni la publicité. En 1985, il crée l’événement en brûlant en direct à la télévision un billet de 500 francs, et en signant toujours en direct un chèque de 100 000 francs pour Médecins sans frontières.

Malgré ses ennuis de santé, il ne ralentit guère ses activités, enregistrant à New-York, montant sur scène à Paris, écrivant les textes de l’album de sa nouvelle compagne Bambou, tout en continuant à signer ceux de Jane Birkin et les siens propres.

L’album qu’il dédie en 1990 à Jane Birkin, Amours des feintes, sera son dernier : il meurt d’une crise cardiaque, le 2 mars 1991.

Ses obsèques au cimetière Montparnasse attirent une foule immense. L’hostilité envers l’homme a fait place à une reconnaissance unanime pour le virtuose des notes, des sons et des mots, le créateur inlassable de rythmes et de mélodies nouvelles.

Gaisnbourg a aussi beaucoup écrit pour de très nombreux interprètes, à part Jane Birkin bien entendu…

Citons : Brigitte Bardot, Mireille Darc, Régine, Zizi Jeanmaire, Michèle Mercier, Françoise Hardy, Petula Clark, Isabelle Aubret, France Gall (Les sucettes,N’écoute pas les idoles, Laisse tomber les filles..), Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Diane Dufresne, Juliette Greco, Vanessa Paradis, etc…

Et encore : Jean-Claude Pascal, Dario Moreno, Philippe Clay, Alain Chamfort, Sacha Distel, Jacques Dutronc, Alain Bashung… etc.

Depuis son décès, il y a eut quelques articles dans la presse qui  démontrèrent que parfois Gainsbourg n’avait pas hésité à s’inspirer d’autres musiciens.
En effet, Gainsbourg a plagié  Chopin, où il emprunta :
-« Etude n°3 op.10» dans « Lemon Incest »
-« Etude en fa mineur n°10 » dans « Dépression au dessus du jardin »
-« Prélude pour piano n°4 en mi mineur » dans « Jane B »

Pour Brahms, il s’accapara le 3ème mouvement de la « Troisième symphonie » pour
composer « Baby alone in Babylone »

Pour Antonín Dvořák, il s’accapara du thème de la « Symphonie n°9 dite du Nouveau Monde »
pour la chanson « Initials BB »

Pour Khatchaturian il s’approprie « Andantino pour piano n°5 » pour son « Charlotte forever »

Pour Edvard Grieg, il s’impire de la « Chanson de Solveig » pour la mélodie « Lost song ».

Dès 1964, il n’hésita pas à plagier des musiciens Africains dans « Gainsbourg Percussions », dont
Miriam Makeba et Babatunde Olatunji, qui ne furent pas crédités sur l’album.

 

Rencontre avec Julien Clerc

En 1969, Julien Clerc monte pour la première fois sur la scène de l’Olympia en première partie de Gilbert Bécaud. Serge Gainsbourg vient le féliciter.

Les années passent : 1980

Voici ce que Julien dit de sa relation de travail avec Serge Gainsbourg :

« Un de mes disques, Sans entracte, devait sortir à toute vitesse et, comme je vivais une période de creux avec Etienne Roda-Gil, j’ai demandé des textes à Serge. A l’époque, nous étions proches – je l’accompagnais parfois au Cœur Samba, où il dansait des nuits entières. »

Julien allait chez lui, et il lui était demandé de ne toucher à rien. Pour s’amuser Julien déplaçait les objets, et Serge s’en rendant compte, remettait les objets en place, tout en lui disant : « J’ai mis cinquante ans à fabriquer ce décor! »

Serge Gainsbourg boit beaucoup, et afin de s’assurer d’ obtenir un résultat, Julien enferme Gainsbourg dans la cabine du studio jusqu’à obtenir les textes.
En 1980, sort l’album « Sans entracte » avec deux textes de Serge Gainsbourg, « Mangos » et « Belinda ».

Retrouvez ici la liste des chansons écrites par Serge Gainsbourg, parmi lesquelles les quatre qui l’ont été pour Julien Clerc.

En pleine séparation, un jour que Julien était chez Serge, il entend Serge Gainbourg lacher à Jane Birkin « Allez, arrête, je te connais comme si je t’avais défaite » Stupéfait par la phrase, Julien se bat auprès de Serge pour que cette phrase soit incluse dans le prochain texte que Serge lui écrira. Serge lui écrira un seul titre qui s’intitule donc « Moi j’ te connais comm’si j’t’avais défaite » et sera enregistré en 1982.

 

Serge Gainsbourg accepte ensuite de lui écrire un texte, « Amour Consolation ». Mais pour être sûr de n’être pas enfermé, Gainsbourg dicte à distance le texte à Julien. Comme pour répondre à Julien, dans le livre « A mon âge et à l’heure qu’il est », Julien raconte que Serge Gainsbourg lui aurait un jour retorqué: « Je ne t’ai pas donné ce que j’avais de mieux, mais toi non plus! »
L’album « Aime-moi » sortira en 1984.

Serge Gainsbourg fait une apparition dans le clip Cœur de Rocker, interprétant le rôle du père de Julien. Vous noterez que la maman est bien plus jeune que son fils…

En décembre 1990, Julien Clerc intègre à son répertoire la chanson « Elisa » de Gainsbourg.

Julien Clerc rendit un hommage à Gainsbourg, le 10 avril 2021, dans l’émission Taratata sur France 2, à l’occasion des trente ans de sa mort.

Serge Gainsbourg  – http://www.gainsbourg.org/
Pour découvrir le chanteur, allez sur son site!